Plongée en terre inconnue, celle qu’on dit désertée par les médias. Celle de la France qui trime, s’ennuie ou espère. Celle de la France du vide, banlieusarde ou rurale. Celle à qui on pense parfois, sans jamais y aller. Eux l’ont fait. Des journalistes, parfois politiques, parfois pas, parfois parisiens, parfois pas, mais investis de la même mission. Sillonner la France et (re)donner la voix aux oubliés de l’agenda politique. En somme, un retour en terrain connu. Celui des sources du journalisme.

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« Ma seule ligne politique, c’est la ligne de chemin de fer« , disait Albert Londres. Visionnaire. Cent ans plus tard, le train du journalisme politique avance encore. Avec difficulté, parfois, bloqué par la communication des hommes de pouvoir. En s’égarant, aussi, sur les chemins de la connivence. Que reste-t-il de l’esprit de l’auteur d' »Au Bagne », qui prônait une confrontation directe avec les faits, avec le réel ?

Dans le wagon de queue, celui que l’on regarde peu, une poignée de journalistes politiques récitent avec conviction leur mantra : sortir des rédactions parisiennes afin de s’intéresser aux préoccupations des Français. Et faire le récit de la France telle qu’elle n’est pas racontée dans les pages politiques traditionnelles. Celui des Français de « La Peuge » à Sochaux, des déserts médicaux, comme à Ploubazlanec dans les côtes d’Armor, des Creusois qui estiment ceux qui travaillent, et dénigrent les autres, des paroissiens à Steenvorde (Nord) qui viennent au secours des migrants … Les exemples peuvent s’égrener à l’infini – le chemin de fer fait le tour de France.

Se mettre au diapason des populations. Retour en terrain connu ou plongée en terre inconnue ? Si la pratique journalistique est éprouvée, le citoyen français et son territoire restent à découvrir. Sans préjugé, ni a priori, mais avec un intérêt sincère.

Ludivine Tomasi, Gérald Andrieu, Sophie Dufau, Nassira El Moaddem, Antonin Sabot l’ont racontée, la France. Avec ses doutes, ses préoccupations, ses espoirs aussi. A pieds, ou en voiture, ils l’ont écumée, la France. A ses marges, dans ses belles longueurs et ses diagonales, aussi vides soient-elles. Qu’importe la trajectoire, en vérité, tant que le journalisme politique reste sur les rails.

 

Jérémie Vaudaux

Benjamin Aguillon

Julie Lassale